La folle envolée des dépenses de lobbying des multinationales

Source : www.lesechos.fr, article par Renaud Honoré, Thibaut Madelin et Anne Bauer

 

Les multinationales n’ont jamais autant dépensé pour tenter d’obtenir des législations à leur goût dans l’Union européenne.

A Bruxelles, les dépenses de lobbying des multinationales s’envolent littéralement - Shutterstock
 

Les chiffres donnent le tournis. Les multinationales n’ont jamais autant dépensé à Bruxelles pour tenter d’obtenir des législations à leur goût, si l’on en croit la dernière mise à jour du registre des lobbies actifs dans la capitale européenne. Une plongée sur le site internet de ce registre permet ainsi d’explorer le territoire des agents d’influence qui parcourent les couloirs des trois grandes institutions de l’UE (Commission européenne, Parlement et Conseil). Deux catégories se distinguent, les grandes banques et les géants de la high-tech, qui ont mis les bouchées doubles pour tenter d’influencer les législateurs européens. Mention spéciale à JP Morgan, qui aurait multiplié par 30 ses dépenses de lobbying entre 2013 et 2014, passant de 50.000 euros à une enveloppe comprise entre 1,25 et 1,5 million d’euros. A côté, Goldman Sachs ferait presque petit bras, avec un chiffre multiplié par 14 pour atteindre une fourchette comprise entre 700.000 et 799.000 euros. Tout cela reste du menu fretin par rapport à Deutsche Bank, qui émarge à presque 4 millions d’euros. Côté français, BNP Paribas déclare entre 900.000 et un million d’euros de dépenses de lobbying.

Les représentants du monde de la high-tech ne lésinent pas non plus sur les moyens. Microsoft, qui faisait partie des trois plus gros dépensiers en lobbying européen en 2013, a maintenu son effort avec 4,5 à 5 millions d’euros. Un temps distancé, son grand rival Google s’est mis à niveau et affiche des frais de lobbying compris entre 3,5 et 4 millions, contre 1,5 million en 2013.

Cette inflation doit toutefois être relativisée. Certes, les banques comme la high-tech ont quelques raisons de s’intéresser à ce qui se passe à Bruxelles : les premières ont dû faire face à une avalanche de nouvelles réglementations votées par les Européens après la crise, tandis que les seconds, quand ils sont Américains, sont en passe de remplacer les traders comme meilleurs ennemis du législateur européen. C’est particulièrement vrai pour Google, menacé d’une amende record par la Commission pour des pratiques jugées anti-concurrentielles. Mais une partie conséquente de la hausse des dépenses de lobbying n’est en réalité qu’une simple régularisation. Le registre des lobbyistes n’a jamais été obligatoire. Toutefois, depuis décembre dernier, dans une volonté de transparence, les Commissaires européens et leur garde rapprochée se sont engagés à ne recevoir que les entreprises qui montrent patte blanche et se sont enregistrées. Si bien qu’on a vu une ruée vers le registre d’acteurs pas ou mal déclarés jusque-là. Ainsi de Goldman Sachs : des ONG comme Corporate Europe Observatory avaient publiquement mis en doute les montants déclarés en 2013, qui se limitaient officiellement à seulement… 50.000 euros. La multiplication par 14 de ce chiffre ne reflète donc pas nécessairement une inflation folle de son lobbying. De la même façon, les déclarations de Google, en 2013, pêchaient par incohérence dans le nombre de personnes accréditées. La volonté de transparence de la Commission aurait donc en tout cas des premiers effets bénéfiques. Mais comme le registre n’est toujours pas obligatoire, personne ne peut jurer que les chiffres affichés soient complètement sincères.

 

Ca se passe en Allemagne : Les « Loups de la Nuit », amis de Poutine, débarquent en Allemagne

Ils ne sont pas vraiment bienvenus en Allemagne. Plusieurs membres du club de motards russes « Les Loups de la Nuit », proches de Vladimir Poutine, ont visité, lundi, le camp de concentration de Dachau, dont Angela Merkel a célébré dimanche le 70ème anniversaire de la libération.

Partis de Moscou le 25 avril puis arrivés en Autriche par la Slovaquie, la bande de motards entend se rendre le 9 mai à Berlin, jour de la victoire de l’Armée rouge sur Hitler. Ils avaient l’intention de traverser la Pologne et la République tchèque mais les autorités locales s’y sont opposées.

L’Allemagne a elle aussi annulé un visa d’entrée à plusieurs membres du club fondé en 1989, qui s’était illustré par son soutien à l’annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014. Plusieurs membres avaient par ailleurs rejoint les combattants rebelles dans l’Est de l’Ukraine. L’Allemagne avait expliqué que la tournée n’apportait « pas de contribution au renforcement des relations germano-russes ». Au moins trois motards ont été refoulés à l’aéroport de Berlin-Schönefeld. Le Kremlin a protesté et demandé des explications au gouvernement allemand.

De passage à Vienne, les motards ont déposé, samedi, une gerbe de fleurs sur un monument en l’honneur de l’Armée rouge en présence de l’ambassadeur de Russie en Autriche. Ils entendent faire de même le 9 mai à Berlin au Mémorial soviétique du Treptower Park.

 

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